Avec la révolution industrielle, nous sommes passés de l’Homme vapeur, à de nos jours l’Homme silicium et prochainement l’Homme graphène. L’utilisation de l’intelligence artificielle, aujourd’hui, est vite devenue ordinaire dans le processus d’apprentissage.
Ce qui nous amène à nous demander pourquoi est-elle devenue si présente ?
Dans cette note, j’aborderai uniquement un cas spécifique de l’intelligence artificielle qui est celui des LLM (Large Language Model), car évidemment il existe de nombreuses autres applications à l’intelligence artificielle.
Le premier LLM qui a rendu l’utilisation de l’intelligence artificielle tout public date d’il y a 2 ans. Bien entendu, qu’il en existait d’autres avant celui-ci mais aucun d’aussi performant, gratuit et avec une interface pensée pour une interaction fluide avec l’utilisateur.
L’infrastructure déployée derrière ce premier LLM tout public est par ailleurs colossale et pourrait même être comparée à celle de Google actuelle.
Il s’agit déjà d’une petite réponse à la cause de sa popularité mais ce qui nous intéresse ce n’est pas comment elle a pu devenir utile mais pourquoi actuellement, elle a réellement des applications dans le domaine de l’éducation et dans le processus de l’apprentissage en général.
Ainsi, pour comprendre ce phénomène il faut revenir à la base de l’apprentissage qui ne peut passer que par la correction. En effet, c’est le principe de la méthode ingénieuse qui nous dit que le processus d’apprentissage passe par l’essai, l’erreur, la correction puis la reproduction. Or l’intelligence artificielle, permet de réaliser l’étape de la correction instantanément et autant de fois que l’élève le souhaite.
Si nous réalisons une analogie avec les simulateurs qui sont utilisés par les pilotes d’avions et en médecine, nous remarquons que la phase de correction est également ultra-rapide et répétée, comme dans un jeu vidéo où le joueur est corrigé toutes les 10 secondes en moyenne et c’est comme ça qu’il s’améliore.
Un enseignant ne peut corriger un élève toutes les 10 secondes, c’est humainement impossible et encore cela impliquerait de tester l’élève toutes les 10 secondes. Néanmoins, il est possible de se rapprocher de cette correction fréquente de l’élève s’il est son seul élève et dans ce cas, il s’agirait plutôt d’un mentor or dans la structure actuelle de l’éducation académique ce n’est pas le cas, la correction d’une copie se fait en moyenne toutes les 2 semaines.
De plus, il est facile de penser que la note est l’élément central de l’école mais en vérité c’est plutôt la correction puisque la correction est ce qui permet l’apprentissage d’après la méthode ingénisue.
D’après Jules Ferry, l’école c’est l’antichambre de la caserne, elle devrait donc permettre l’innovation comme la bottega de Léonard de Vinci. Or la structure actuelle, pratique l’apprentissage par la méthode scientifique et contribue donc à créer l’Homo academicus comme Platon qui fut à l’antiquité un brillant élève sous le mentorat de Socrate et sportif car Platon signifie aussi qui a les épaules larges.
Pour se rapprocher d’une correction parfaite donc d’un meilleur apprentissage, il faudrait donc un mentor pour chaque élève or même si impossible pour des raisons financières cela ne suffirait pas. Effectivement, pour qu’un élève se fasse corriger encore faut-il qu’il aime la correction et c’est là que l’intelligence artificielle intervient, puisqu’elle ne juge pas l’élève.
Un apprentissage parfait se fait donc sans jugements donc sans notation, ce qui semble logique à près tout pourquoi celui qui veut réparer sa voiture se donnerait une note, il va seulement apprendre comment la réparer et la réparer. La note s’apparente alors à un instrument fiduciaire qui permet de noter un individu comme l’on noterai un taxi pour son service ou l’on choisirai son médecin par les avis de ses clients.
Un diplôme est une note qui permet de garantir que le diplômé est capable de réaliser dans le domaine délivré par le diplôme. Or la note peut avoir des aspects négatifs dans le processus d’apprentissage si l’élève a des mauvaises notes alors il évitera de se faire corriger par peur d’avoir une nouvelle fois une mauvaise note or pour apprendre il faut se faire corriger d’après la méthode ingénieuse et nous retrouvons le cas contraire pour l’élève qui a des bonnes notes, il apprécie la correction et demande d’avoir plus de bonnes notes en se faisant corriger, il s’agit en quelques sortes d’un cycle bénéfique dans un cas et mauvais dans l’autre.
Louis XIV avait pour mentor Aristote et François 1er avait pour mentor Léonard de Vinci, à l’époque c’est le roi donc il faut qu’ils aient la meilleur éducation possible et impossible pour Aristote ou Léonard de Vinci de le noter, puisqu’il est au-dessus hiérarchiquement. Le système de note n’a donc pas existé dans ces cas alors qu’ils avaient la meilleure éducation possible et il est intéressant de remarquer que “la culture mange la stratégie au petit déjeuner” d’après Peter DRUCKER mais que la culture est mangée au petit déjeuner par la structure.
L’intelligence artificielle permet donc de mettre fin à l’Homo academicus en cassant la structure académique d’une certaine manière et elle permet le mentorat de masse sans possible jugement. C’est principalement pour ça qu’elle est devenue omniprésente car elle casse l’autopoïèse sociale et elle permettra certainement l’innovation qui elle ne peut être notée.
Nous sommes dans une époque où nous portons notre tête dans nos mains, comme nous portons la connaissance dans notre poche, nous sommes tous devenus des “céphalophores” comme le dirait Michel Serres.